Guillaume BOUZARD aime les vide-greniers, le football (et même l’équipe de France), Motörhead mais pas que et surtout il prend un plaisir évident à raconter des histoires loufoques et décalées dans lesquelles il glisse parfois quelques ingrédients bien rock’n roll. Ce dévoreur de grands espaces (il habite dans les Deux-Sèvres) et de musique électrique nous livre son Interview of Him too.
Quelle place tient le Rock dans ton imaginaire d’auteur de BD ?
C’est une source d’inspiration et aussi en quelque sorte un art de vivre puisque j’écoute de la musique et notamment du Rock tout au long de la journée.
Parlons justement de tes goûts musicaux. Avec The Autobiography of Me too et tes contributions dans Rock Strips et Nous sommes Motörhead, on devine que tu es un amateur de gros Rock saturé. C’est ton genre préféré ?
Non, c’est pas mon genre préféré. J’en écoute de temps en temps quand j’ai besoin de me donner la pêche mais j’écoute aussi beaucoup de Pop, de la Soul, du Punk, des groupes français… je suis très éclectique mais bon c’est vrai que je reviens souvent au Rock et parfois ça va disons jusqu’à l’outrancier.
Les situations que tu décris dans The Autobiography of Me too ont-elles toutes une part de vérité ? As-tu vraiment un chien qui parle, vas-tu au concert de Rock en tongs, as-tu réellement acheté un disque de bourrée auvergnate dans un vide-greniers etc, etc ?
Bien souvent le début de l’histoire commence par un fait plus ou moins réel puis après bien souvent ça part en cacahuète. J’avais un chien qui parlait pas vraiment. Le pauvre est mort l’année dernière de vieillesse. Ça m’est en effet arrivé d’aller à un concert en tongues, c’était l’été à Rock en Seine, je crois et c’était très bien. Quant aux vide-greniers, ça m’est arrivé de tomber sur des disques qui n’avaient rien à voir avec la pochette. Ce n’était pas forcément de la bourrée auvergnate mais pas non plus des trucs beaucoup plus reluisants !
Il semble que tu aies une relation particulière par rapport à Motörhead. C’est ton groupe culte ?
Non, c’est pas mon groupe culte, c’est surtout Lemmy qui est culte ! Ça a commencé un peu comme une blague de potache, je crois que mon premier truc avec Motörhead c’était dans un vieux numéro de Psykopat. J’avais fait un bulletin d’abonnement à ce magazine où celui qui s’abonnait pouvait rester vautré dans son lit à écouter Motörhead en mangeant des pizzas. C’était à l’époque où ce groupe était encore bien ringard en fait. Au fil des années, j’ai gardé ce petit leitmotiv et puis finalement Motörhead est devenu un groupe culte comme quoi, dès le début, j’étais pas loin de la vérité.
Depuis quelques années, on voit fleurir, indépendamment des biopics, une flopée de récits de Bande Dessinée autour du Rock, souvent par des auteurs estampillés « Nouvelle BD ». Que penses-tu de cette évolution ?
J’ai toujours bien aimé cette idée de mêler le Rock et la Bande Dessinée. Personnellement c’est quelque chose qui m’a toujours intéressé. Les premiers essais les plus concluants dans le domaine, c’est ce qui s’est passé dans Métal Hurlant ou ce que faisait Jean Solé dans Fluide Glacial avec le Rock progressif ou plus cool, comme Pink Floyd ou les Who. A mon sens, celui qui était arrivé au summum de la chose, c’est Jean-Christophe Menu dans Lock Groove Comix. Pour moi, c’est vraiment le must. J’aime bien aussi, ce qu’a fait Hervé Bourhis avec son Petit Livre Rock. Il y a également ce que Luz fait dans Trois premiers morceaux sans flash, des bouquins autoproduits que je trouve fabuleux où il mixe ses dessin faits sur le vif avec les photos prises pendant les concerts par Stefmel, sa compagne.
Quels points communs vois-tu entre rock et BD ?
Difficile de trouver un point commun comme ça de but en blanc. Souvent les amateurs de BD, si je prends mon propre exemple, sont aussi des amateurs de Rock qui écoutent de la musique tout le temps et vont aux concerts. Maintenant, il ne me semble pas que j’aie un comportement de rocker invétéré, à part faire la fête de temps en temps mais je pense qu’il y a pas besoin d’être rocker pour ça.
Existe-t-il, selon toi un graphisme ou un style de dessin « rock » ?
C’est difficile de se dire que tel ou tel dessin est un dessin « Rock ». C’est plutôt le propos qui peut mettre des gens comme moi dans cette catégorie. Dans les festivals BD soi-disant ancrés sur le Rock, tu as toujours plus ou moins les mêmes personnes, Riff Rebb’s, Mezzo, Pourquié, Julien Solé, Relom ou donc moi-même. C’est plus un état d’esprit qu’un graphisme à vrai dire.
Ton dessin se distingue par son originalité et son efficacité. Ton style est unique et inimitable mais existent-t-ils malgré tout des auteurs qui t’ont influencé, que ce soit au niveau du graphisme ou du mode de narration ?
J’ai sûrement des influences qui sont passées dans mon travail mais j’ai du mal à mettre le doigt dessus… j’ai lu du Franquin quand j’étais gamin, ça a dû jouer un rôle. Les auteurs qui m’ont fait rire sont en fait mes plus grosses influences dans la mesure où ça m’a donné moi aussi l’envie de faire rire les gens. Quelqu’un comme Daniel Gossens est pour moi une très grande référence. Pas au niveau du graphisme car je pense que je ne lui arrive pas à la cheville mais il m’a tellement procuré de plaisir à la lecture que j’ai eu besoin de faire pareil. A côté de ça, il y a des gens comme Libon, Winshluss ou Mario Montaigne, dont j’adore le travail avec un humour bien particulier. Comme eux, je partage cette envie de bien bosser pour faire rire les gens.
Travailles-tu en musique ?
Tout le temps. Quand je vais chez moi dans le grenier qui me sert d’atelier, c’est automatique, il me faut de la musique. J’ai des tonnes de disques, tous plus mauvais les uns que les autres (rires). Pas de la musique à fond mais à un volume correct. J’en ai besoin pour me concentrer.
Tu es plutôt MP3 ou Teppaz ?
Je suis plutôt Teppaz, surtout pas numérique. J’écoute beaucoup de vinyles et de CD. J’ai une grosse collection de CD parce que je suis un boulimique et que je chine beaucoup dans les vide-greniers… je me fais plaisir.
Si tu pouvais te réincarner en rocker, illustre ou inconnu, qui choisirais-tu ?
Question difficile ! Quelqu’un qui n’est pas mort trop jeune ou qui n’est pas encore mort (rires), la vie courte m’intéresse pas plus que ça… à la réflexion, j’aurais bien aimé avoir eu le parcours de Nino Ferrer. C’était un mec musicalement très fort, il avait une putain de gueule terrible et il a écrit des chansons extraordinaires. Je pense qu’il a eu une belle vie même si elle s’ést terminée de manière tragique. Donc, je me dis qu’avoir eu la gueule de Nino Ferrer et son talent, ça m’aurait bien plu.
Une dernière question à l’auteur de Football Football et à la star du football deux-sévrien. Qui va gagner l’Euro 2012 et pourquoi ?
Qui va gagner l’Euro 2012 ? Mais la France bien sûr ! Parce ce qu’on est les meilleurs, que personne nous attend et que pour l’instant on est une équipe de branques. Il va se passer quelque chose, on va surprendre tout le monde, et donc on va gagner l’Euro !
La chronique de The Autobiography of Me too, c’est par là