Dessins et textes : Alex BOCHARD
Ils étaient jeunes, ils étaient beaux, ils sentaient bon… le tabac chaud, l’huile de cannabis et le Bourbon pour les plus sages d’entre eux. Leur enfance a été difficile, leur vie a été courte et leur mort tragique a largement contribué à renforcer leur légende, faisant d’eux des Stars du Rock, condition plus noble et pérenne que celle des Rockstars.
Hormis la quantité industrielle de substances psychotropes qui ont coulé dans leurs veines, ils avaient quelque chose de plus que leurs congénères. Du génie, un charisme pas toujours maîtrisé ou une certaine esthétique de la déglingue. Sur la période 1960-1970, ils furent un certain nombre à obtenir une carte de membre éternel de ce club très sélect. Alex Bochard a choisi de n’en retenir que la crème de la crème et de les réunir dans un album BD.
Un nouveau biopic dessiné donc comme il en a fleuri pas mal depuis quelque temps pour évoquer les icônes du Rock. Pas évident de se démarquer au milieu d’une production qui sur ce thème, mine de rien, commence à être sérieusement étoffée, en attendant de devenir pléthorique (on a encore un peu de marge tout de même).
Que dire de plus qui n’ait déjà été dit sur Jim Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix, John Lennon et Sid Vicious ? Pour éviter l’écueil de la redite ou du plagiat, l’auteur a adopté une approche assez astucieuse : synthétique (en une cinquantaine de planches, ma pt’ite dame, je suis bien obligé de vous faire un prix de gros) en se limitant aux principaux épisodes et faits marquants de leur biographie, humoristique (avec un brin d’irrévérence et beaucoup de caricature) et variée graphiquement, alternant, sur une jolie toile de fond ocre et marron qui donne un effet vintage assez sympa, portraits d’après photos, dessin traditionnel et numérique. C’est d’ailleurs là que réside la vraie originalité et la principale qualité de l’opus qui rompt ainsi avec le schéma classique des strips et des cases sagement alignées (on parle de Rock, là, faut s’lâcher un peu !). ça compense largement les reproches que pourraient faire d’un côté les encyclopédistes de Rock (« j’le savais déjà »), et de l’autre les fins connaisseurs de l’humour qui fait rire (« j’ai pas trouvé ça drôle »). Là-dessus, on ne mettra jamais tout le monde d’accord mais visuellement, les personnes dotées d’un goût artistique très sûr, n’est-ce pas, seront forcés d’admettre que ce petit Panthéon mérite le recueillement. Et au passage, conformément au credo des prédicateurs adeptes du culte du Binaire Primaire dont je fais partie, il prolonge l’évangélisation des mécréants qui connaîtront ainsi un peu mieux la vie des saints et leurs auréoles (plutôt sous les bras, sur le comptoir ou le tapis, en l’occurrence). Grâce soit donc rendu à ce nouveau prophète et à sa version de la Genèse.