On se pointe une demi-heure avant l’ouverture des portes et la populace est déjà bien fournie. D’jeune forcément mais pas que. C’est même un public assez familial (à commencer par ma petite famille) avec une amplitude d’âge qui va du schtroumpf à peine sevré au cheveux blancs clairsemés. Pas un public hyper branché donc mais qui remplit complètement le Zénith de Nantes.
Je vais donc enfin voir ce phénomène de concert dont la réputation a grandi au fil des tournées et du bouche à oreille. Pour voir, on a vu et on s’en est pris plein la tronche. Un spectacle bluffant, millimétré mais qui n’exclut pas l’énergie rock’n roll. Les Shaka Ponk ont mis au point une formule imparable servi par un son parfaitement au point, des zicos sûrs de leur fait, emmenés par deux chanteurs qui, certes sans être de grands vocalistes, (vive le delay) compensent avantageusement par une activité incessante et une complémentarité impeccable.
On ne sait plus vraiment où porter son regard entre les membres du groupe à l’œuvre et la scénographie vidéo qui décline un univers visuel différent à chaque morceau. Mention spéciale pour les ombres chinoises et le duel de batteurs entre le vrai en chair et en sueur et Goz, le singe virtuel (un clin d’œil à Sheytan ?).
Sur le strict plan de la musique, c’est tout aussi imparable. Carré, efficace, un dosage équilibré entre une architecture heavy-rock et un habillage électro, de quoi bouger le bassin tout en headbanguant en rythme, à l’image du bassiste.
Évidemment, d’aucuns diront que cette orgie visuelle cache peut-être un répertoire qui ne survivra pas à l’effet de mode, qu’on risque d’ailleurs de trouver les disques bien fades après une telle prestation. Que les textes sont peu fouillés (ah, les critiques de Télérama, dès fois y mériteraient qu’on les balance dans un Mosh de Deathcore, histoire de leur apprendre ce qu’est l’esprit Rock). Que cette bande de geeks obsédés par le high-tech et l’image programment plus leur musique qu’ils ne la composent. Bref, qu’on est dans le mainstream, sempiternelle critique faite aux groupes français qui conquièrent un public plus large que le strict milieu Rock et dont l’on commence à un peu trop parler.
Je répondrai, votre Honneur, qu’hormis des passages réguliers sur quelques chaînes et radios musicales, on ne peut pas dire qu’il y ait matraquage ou alors que dire des rockstars anglo-saxonnes qui squattent les ondes et alternent stades et grandes salles (100 euros pour Muse, non mais je rêve !), que ces frenchies ont bâti leur succès sur scène et qu’au vu de ce qu’ils y font, ils méritent bien leur place au soleil. Parce qu’avec des concerts aboutis, généreux et péchus comme celui-ci,on est bien au niveau international. Et si ça permet en plus à un large public de tendre l’oreille vers le Rock, grâce leur soit rendue. De plus, j’ai eu la chance, et ça n’arrive pas si souvent, de voir un groupe au top avec un concert dont la play-list ne laisse aucun regret, tous les titres forts ayant été joués avec un dernier rappel judicieux.
« French Touch Puta Madre », définitivement.