Bonus Track : Julien/Cdm

A propos de The Zumbies, 3 questions à JULIEN/CDM

Quelle est la formule satanique qui vous a permis à Lindingre et toi de faire revenir à la vie ces quatre décharnés Rock’n Roll ?
La formule satanique ? C’est Ramones meet Romero. Je jure que c’est comme ça que je l’ai présenté à Yan Lindingre à l’époque où j’en bavais sur le scénario et où je lui ai demandé s’il pouvait me donner un coup de main. Il m’a dit « C’est quoi le pitch ?» et je lui ai répondu ça. A partir de là, tout est possible. On a discuté un peu plus quand même, sur les développements, combien ils étaient… Le groupe, je l’avais déjà créé pour une série de tee-shirts pour une boîte qui s’appelle Goéland avec qui je bosse depuis des années. Je les ai donc trouvés visuellement tout seul et après j’ai eu envie des les faire vivre parce qu’ils m’éclataient. Mais j’en chiais avec le scénar, comme d’habitude. J’ai fait appel à Yan parce que je savais qu’on avait les mêmes centres d’intérêt culturellement, moi plutôt cinoche et lui un peu plus pointu que moi sur les Cramps, les Ramones, des trucs comme ça. On a confronté tout ça et c’est comme ça que c’est né, tout simplement.

Zumbie bassisteSi on écoute bien entre les cases, les Zumbies, ça sonne comme quoi ou comme qui ?
Les références, elles sont un peu dedans déjà. Ça peut être Link Wray, Hasil Adkins, les Cramps, du Punk anglais, un peu dandy parce qu’ils sont en costard… ça sonne sale, ça sonne Bayou, on est entre l’Angleterre et les Etats-Unis. C’est un gros mix de tout ça. Chaque musicien a sa petite danseuse musicale mais on est sur les Cramps essentiellement avec cette envie qu’ils avaient eux aussi de puiser dans un héritage musical qui allait du Blues au Surf, au Punk, à la musique de film… Le chanteur, Lux Interior, était un fou de cinoche de genre, de série B. On est assez fidèles à cet univers et musicalement ça sonne un peu comme ça.

Quelles sont les références cinématographiques ou graphiques qui inspirent plus particulièrement l’esthétique des Zumbies ?
Je suis dans la pire des positions pour répondre à cette question parce que c’est dur de dire soi-même à quoi on fait allusion tellement c’est intériorisé. Évidemment que par rapport à une série comme Cosmik Roger, changement de technique, changement de format. Moi mon truc, c’était de mettre plus de noir, de travailler plus au pinceau, avec un encrage plus à l’anglo-saxonne. Les références sont à prendre au second degré, sans se comparer du tout à eux, sur du Will Eisner, du Milton Caniff, avec des noirs et blancs beaucoup plus francs. Je voulais que les planches fonctionnent en noir et blanc sans qu’on ait besoin de mettre de couleur. La couleur, c’est une sorte de bichromie avec des trames, en référence au Pulp, aux trucs mal imprimés de la presse magazine en souple américaine, un papier un peu jaune… L’influence, elle est clairement plus anglo-saxonne, ne serait-ce que par les choix d’outils et de technique. Après, quand tu as ce type de références en tête, ça peut être totalement bloquant parce que c’est du lourd, c’est du génie et donc évidemment, tu fais ta sauce avec tes qualités et tes faiblesses. Il fallait trouver une sorte de classe, moins cartoon que dans Cosmik Roger, il y a moins de gros nez, on est plus sur du semi-réaliste avec une vraie ambiance, plus noire, plus obscure, tout en gardant des giclées délirantes en contrepoint.

The Zumbies – Heavy Rock Contest

Dessins : JULIEN – Textes : Yan LINDINGRE

On avait quitté les Zumbies dans la moiteur marécageuse d’une campagne française aux relents de Bayou, réglant leurs comptes à une horde de cul-terreux cathos intégristes. On les retrouve en compétition avec la fine fleur du Rock sataniste, horrifique et déviant au Heavy Rock Contest de Woodtonguestock, dont le vainqueur gagnera l’insigne honneur d’enregistrer un 45 tours aux studios 666 de Fire Island.
Et déjà un sentiment familier anime le lecteur, celui de retrouver de vieilles connaissances, doublé de l’intuition que ces monstres électriques sont partis pour faire de vieux os.
Ce qui faisait le charme sanglant du premier album se confirme ici. The Zumbies, c’est comme un morceau des Cramps ou des Ramones, brut, cradingue, agressif et sans concessions. Pas d’intrigues alambiquées et de multiples niveaux de lecture. Sur fond de Rock lourd et râpeux, ça finit toujours par tronçonner, éventrer et gicler à grands jets, avec toutes sortes d’instruments contondants (même une basse rutilante peut s’avérer une sulfateuse dévastatrice !). Au menu : décibels, boyaux sanguinolents et cervelles savoureusement dégustées par ces gourmets décharnés.
Cette éruption de violence grandguignolesque n’a qu’un seul but : servir la cause du Rock’n Roll dont les clichés revisités hantent les pages de l’album. A noter que Julien/Cdm s’est vraiment déchainé et nous livre de superbes planches, denses, touffues, un régal pour la rétine.
De l’humour potache, transgressif et défoulatoir, à s’envoyer à fond les potards. De la pure BD Rock quoi !

Pour les non-initiés : la chronique du premier album

Bonus Track : 3 questions à Julien/Cdm