Bonus Track : JÜRG

A propos de Twist and Shout : 3 questions à JÜRG

Ton dessin, notamment le traitement du noir et blanc, te mène souvent vers des histoires assez sombres. Pourquoi avoir choisi l’humour pour ce premier récit Rock ?
C’est venu naturellement en fait. Déjà, j’aime faire des histoires d’humour. Autant j’aime bien le Polar et des histoires hyper sombres, autant parfois j’ai tendance à aller vers une écriture de récits noirs mais en y mettant de l’humour et des choses un peu burlesques, voire grotesques. Là, ce que je recherchais, c’était le grotesque. Par rapport à tout ce que j’avais produit avant, notamment des polars avec Jean-Bernard Pouy, plus concrets, plus sérieux, que j’aime beaucoup, là c’était la première fois, avec les Requins Marteaux, qu’on me laissait une carte blanche. Donc, j’ai essayé de faire un bouquin qui me corresponde, qui soit complètement décalé. Dans le traitement graphique, j’ai toujours été très noir parce que ça remplace la couleur. J’ai besoin de mettre du noir, le dessin pur, noir, c’est vraiment ce que j’aime. Si je garde une ligne claire, j’ai l’impression que le dessin n’est pas fini. Ça me permet de mettre une ambiance un peu sombre, même si sur ce bouquin, c’est presque de la parodie, c’est comme citer des grandes références comme « Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? » un amalgame de clichés mais avec une mise en scène soignée et réaliste, ce qui crée le décalage et qui fait que l’on rigole. Je ne suis pas à ce stade là mais dans l’esprit c’est pas plus sérieux que ça.

Le mythe d’Elvis subit un traitement de choc dans Twist and Shout. Qui aime bien châtie bien ?
Elvis by JürgTout à fait. Elvis c’est une référence, dans le sens où quand j’étais enfant, j’étais vraiment fasciné par la musique et les films d’Elvis. C’était toujours hyper coloré, avec ce côté jovial, genre tout est beau, les nanas sont superbes… Les visuels de cette époque sont fascinants, c’est un truc qui m’a carrément influencé. S’il y avait un film d‘Elvis qui passait, je pleurais auprès de ma mère, il fallait que je regarde. J’ai toujours adoré ce kitsch, ce burlesque avec ce côté série B, série Z. Et puis Elvis, c’est vraiment le charisme. Il avait ce putain de charisme même quant il était gros mais qu’il faisait un concert par jour, gavé de médicaments du début à la fin mais voilà rien à faire, pour moi, c’est vraiment l’incarnation du Charisme. J’ai fait une espèce d’hommage et c’est d’ailleurs un peu pour ça que dans le scénario j’ai changé la fin. Initialement, ça devait finir de façon horrible et puis au fur et à mesure, j’en ai parlé avec ma copine de l’époque et elle m’a dit « mais non, tu vas pas faire ça à Elvis, c’est dégueulasse ! » Et en fait, je me suis dit « Putain, mais elle a raison ! » Il y a vraiment un mythe autour de ça, on sait pas ce qu’il est devenu… J’ai eu envie que ce soit une sorte de Happy End, de truc complètement ouvert et qui finit bien. Je me suis aussi inspiré d’un film de Fritz Lang, « Chasse à l’homme », dont la première séquence montre un chasseur dans les montagnes, qui a dans son viseur Hitler, dans son chalet en Autriche et le type se dit « Si j’le bute maintenant, ça va changer le cours de l’histoire ». Il veut le faire, il met une balle dans son fusil et à ce moment là, un garde l’arrête, il est emprisonné… Je me suis vraiment inspiré de ce film là, qui n’a rien à voir sauf que ça m’a donné l’idée de prendre un personnage connu et de le mettre dans un contexte complètement burlesque. Voilà, c’est pas du Godard non plus (rires) mais mes références c’était Fritz Lang, Orson Wells, Will Eisner ou Bernet, donc des récits assez sombres même si j’y ai mis le côté humoristique. J’peux pas m’empêcher de faire le con mais avec un fond derrière qui fasse réfléchir.

Toi qui habites pas très loin de chez lui, peux-tu nous donner des nouvelles d’Elvis ? Est-il en forme, continue-t-il à composer la bouche pleine… ?
Eh bien, il se trouve que j’ai découpé un article dans la Dernière Heure, qui est un journal belge, c’était un article sur les Gracelanders qui font des reprises d’Elvis, sans Elvis, comme par hasard, à Charleroi. Donc, je suis sûr et certain que j’ai raison dans ce que j’ai écrit. Je peux semer le doute dans les esprits… Et je salue Charleroi en passant. Merci, je vous fais des bisous !

Twist and Shout

Dessins et textes : JÜRG

Tout le monde sait pertinemment qu’Elvis Presley n’est pas mort le 16 août 1977. Si le mélange antidépresseurs et sandwich banane-beurre de cacahuète était dangereux pour la santé, ça se saurait. Là où ça se corse, c’est de savoir ce qui lui est réellement arrivé après. Les rumeurs les plus loufoques circulent sur la retraite du King. De nombreuses théories fumeuses ont également été avancées quant à l’existence d’un sosie qui aurait remplacé Elvis à sa mort ou même de son vivant.
Il faut remercier Jürg de lever définitivement le voile en développant la thèse à ce jour la plus crédible en s’appuyant sur des sources et une recherche documentaire des plus rigoureuses…
En lisant Twist and Shout, vous saurez définitivement que :
– Non, Elvis n’est pas mort le 16 août 1977
– Oui, Elvis avait un sosie et c’est lui qui est mort à la dite date
– Elvis a une résidence secondaire à Charleroi, en Belgique
– Elvis a fait de la tôle dans la ville susdite sous le nom de Vanzoutegaime
– Elvis aime le Death Metal
Jürg a hérité de ses gènes belges un goût pour l’humour surréaliste et le talent pour le dessin bien léché dont le dynamisme pourrait servir d’exemple à la thèse controversée sur l’existence d’un graphisme Rock, indépendamment du sujet traité. A lire : Noces de Chien ou Tête de Nègre, pour s’en convaincre. L’homme réalise par ailleurs de superbes portraits de Rockers célèbres (à voir entre autres sur sa page Facebook) où la caricature le dispute à l’hommage.
Il crée ici un Elvis comme on l’aime, gros bourrin d’Amerloque, boudiné, accro et caractériel. Ces petits défauts anecdotiques ne l’empêchent pas d’être toujours animé par la flamme du Rock’n Roll et depuis sa cellule, il va tenter de relancer sa carrière.
La caricature est grosse et l’intrigue est grasse comme un bon vrai hot-dog (you ain’t nothing but a…) des familles, dégoulinant de ketchup et de moutarde mais la précision du trait et l’humour caustique de Jürg en font un délicieux en-cas comique que l’on déguste en gourmet.

Bonus Track : 3 questions à Jürg