Dessins et scénario : Mike Dawson
Il y a ceux qui collectionnent les enregistrements pirates, le moindre pin’s et même les sous-vêtements. Ceux qui hurlent comme des hystériques, font le siège des hôtels, s’infiltrent backstage. Les plus dévoué(e)s vont jusqu’à faire le don de leur corps, d’autres virent schizos et se transforment en pâles copies, sosies bouffonesques pour foires aux cochons, quinzaines commerciales ou discothèques rurales. Et puis il y a ceux pour qui la rockstar n’est pas une divinité mais juste une présence au quotidien, un compagnon, un confident, un ami qui fait partie de leur vie ans sans pour autant la résumer.
Mike Dawson a neuf ans quand son grand-frère lui file une cassette (vous savez, cette petite bande magnétique qui permettait de copier impunément des disques et que les grandes maisons de disques voyaient comme l’instrument maléfique de leur déclin). Cette pierre philosophale contient une compil de Queen et c’est alors que la vie de Mike… eh bien non, son existence n’est pas transformée radicalement, comme après une révélation divine. L’intoxication royale se fait progressivement, inexorablement. L’auteur va devenir, comme tant d’autres, un fan du quatuor british. Un inconditionnel découvrant et aimant tout le répertoire du groupe, des titres les plus rock aux tubes grand public, apprenant les paroles par cœur, imitant les poses de Freddie Mercury.
Dans cette chronique autobiographique, Mike Dawson se livre sans détour. Il parle de choses simples et banales qui construisent une existence, entre une famille unie et sans histoire, les querelles avec sa sœur, les doutes de l’adolescence, les premières amours. A chaque étape de cet apprentissage de la vie, suite de rites initiatiques, Queen est présent, avec une chanson pour illustrer chacun de ces moments décisifs (dont le départ de sa Grande Bretagne natale vers les Etats-Unis n’est pas le moindre) et même parfois offrir une échappatoire ou un support à l’imagination. Au futur artiste que va devenir Dawson, Freddie Mercury offre une source d’inspiration au quotidien, un modèle fascinant, à l’instar des super-héros qu’il reproduit sur ses carnets de dessin.
La rockstar n’est pas décrite comme une entité abstraite et intouchable mais comme un guide, un autre grand-frère. On y comprend à quelle point cette passion, bien loin d’être aliénante et obsessionnelle (même si l’auteur emploie le terme) est fondatrice et constitue la clé de l’évolution de l’enfance vers l’âge adulte. Freddie et moi illustre bien ce va et vient permanent entre rêve et réalité, si particulier à la relation intime que le fan entretient avec son idole.
Le meilleur exemple en est la mort de Freddie Mercury qui touche le jeune Mike au plus profond, autant que le fera plus tard la mort de sa grand-mère. Dawson dépeint ainsi de façon lucide une passion fidèle et tenace qu’il assume à tous les âges de sa vie et qui se renforce avec le temps.
Un beau portrait de fan et un bel hommage à l’un des groupes les plus originaux mais aussi l’un des plus controversés de l’histoire du Rock.