Dessins : CHA – Textes : François MAINGOVAL
Charlene et Olivia, glandeuses et parasites (parce que « ça leur plait » comme aurait dit le groupe OTH au temps de sa splendeur), deviennent des stars du jour au lendemain. Satire réjouissante de « l’Industrie-Bizness-Musique » (toujours pour citer OTH, décidément) où tout l’idéal punk est résumé au travers du destin de ces deux filles, déjantées comme le Rock les aime, qui débarquent comme des cheveux (ou plutôt des crêtes) dans la soupe d’un casting pour émission de télé musicale à élimination directe.
Contre toute attente, les provocations et le caractère imprévisible de ces deux chipies destroy qui jouent leur musique à fond et refusent toute concession vont conquérir le grand public, avide de sensations nouvelles, et prendre de court les producteurs de l’émission. Ces derniers ne vont cependant pas tarder à comprendre tout le parti qu’il y aurait à tirer de ce succès inattendu, en tirant sur les bonnes ficelles pour reprendre le contrôle de la situation.
Le portrait à peine caricatural de ces deux rockeuses, tout aussi iconoclastes (pauvre Michel Sardou…) et bordéliques que sincères et naïves, tape en plein dans le mille et réalise le rêve que bien des fans de Rock caressent en secret : voir des rockers mettre le binz total sur un plateau de télé.
Le propos essentiel de ce conte moderne, concocté par Maingoval et parfaitement servi par le dessin débridé de Cha, est en effet de confronter la philosophie du « No Future » à la cruelle réalité du star-bizness, avec en toile de fond une belle histoire d’amitié.
Il n’est jamais évident de passer du registre humoristique à celui du drame. Ici la transition se fait progressivement, vers un dénouement qui confère à ce récit encore plus de relief, en point d’orgue de ce qui n’aurait pu être qu’une simple fable rock’n roll (ce qui eut été déjà fort respectable).
C’est bien tout le paradoxe de cette musique, dont le message provocateur et contestataire n’est jamais aussi fort que lorsqu’il est relayé par la grosse machine capitaliste. En serait-il en définitive un sous-produit ? Le débat n’est pas nouveau et reste ouvert mais en attendant Les Allumeuses mettent le feu aux poudres de la BD Rock en lui offrant un récit haut en couleurs, percutant comme un titre des Wampas (évidemment cités dans l’album), original et attachant à l’image de ses deux héroïnes.