Doomboy

Dessins et textes : Tony SANDOVAL

L’une des particularités du Métal est sa propension à se décliner sous des formes et des étiquettes très diverses, comme s’il constituait en lui même un genre musical à part entière, à côté du Rock, du Jazz, du Blues, du Rap, etc. Et alors ? m’éructeront les plus chevelus des lecteurs de cette chronique, tu découvres l’eau tiède, abruti ?
On se calme les graisseux ! J’voulais pas vexer mais bon, vu de l’extérieur, tout ça c’est quand même un peu la même chose, non ? Bruyant, saturé, violent mais ça reste du Rock. On a beau mettre un adjectif différent devant, Trash, Hardcore, Death, Progressive, Atmosphérique, voire des sous adjectifs, du genre, Brutal ou Old School, ça serait pas un peu artificiel, toutes ces étiquettes ?
Allez, je charrie, je jure sur mon premier Pass Hellfest que j’le pensai pas.

Or donc, Tony Sandoval est mexicain et fan de Métal (en le voyant, on aurait pu s’en douter) dont il joue lui même (sur une Jackson, si ma mémoire est bonne) et ma foi, ça se voit clairement dans ses œuvres. Et vlatipa que lui aussi a créé sur le papier un nouveau genre, le Métal écolo. Ca n’a rien de péjoratif au contraire car à la lecture de Doomboy, on retrouve le thème déjà développé dans « Nocturno », cette intervention de la nature qui donne à l’intrigue une forme onirique et une dimension fantastique assez inattendue.
Cela passe avant tout par un dessin très personnel, épuré, faussement naïf, immédiatement reconnaissable qui donne au récit ce ton et cette atmosphère fabuleux.
Doomboy est un conte moderne et un récit d’une authenticité surprenante malgré les ingrédients fantastiques qu’il emploie. Le héros est un adolescent, guitariste de Métal, qui vient d’être viré de son groupe et de perdre un être cher. Sur les falaises près de chez lui, il va sublimer son chagrin et découvrir, en écoutant la mer, un son étrange, magique et envoutant donnant vie à des créatures fantasmagoriques, sur lequel son jeu de guitare va enfin trouver l’inspiration qui lui faisait défaut. En osmose avec la mer et les éléments, la musique naissant ainsi de sa guitare est aussitôt mise sur les ondes d’une station locale. Elle va faire de lui Doomboy, une légende urbaine.
Sandoval dresse un portrait d’adolescent tout en nuances, aussi bien dans la narration que par une superbe mise en couleurs, restituant parfaitement ce déchirement entre la candeur de l’enfance toujours présente et la révolte du jeune adulte en devenir. Cette ambivalence est d’ailleurs l’un des traits caractéristiques du Métal, musique violente et dont les formes les plus extrêmes sont souvent appréciées par des gens réservés et bien éduqués, si l’on met de côté la longueur de la chevelure et des clous sur les bracelets.
Le récit aborde aussi avec beaucoup de sensibilité le sujet délicat des premiers émois sexuels, qu’ils soient ou non dans la norme.
Malgré un dénouement un poil trop elliptique, Doomboy est un récit fort et puissant comme un riff de Métal qui consacre définitivement le talent de son auteur.