Le Heavy Metal

Dessins : Hervé BOURHIS – Textes : Jacques DE PIERPONT

Chez le béotien, tout morceau de Rock qui bastonne un tant soit peu est souvent désigné par le vocable passe-partout de Hard Rock. Face à ces mécréants, toute tentative d’édification semble vouée à l’échec. Leur expliquer ce qui différencie AC/DC de Nirvana s’avère à peine moins fastidieux que l’écoute du dernier album hommage à Jean-Jacques Goldman (un vrai hard-rocker, pour sûr, tellement il a saigné sur les Gibson…). Perso, j’ai essayé pendant deux minutes de démontrer à un fan de Coldplay (non, je jure, je le connais à peine) en quoi Iron Maiden était bien plus mélodique que la NWOFS (New Wave Of French Song pour les bilingues). J’ai commencé à utiliser des mots comme Death, Black, Trash… et bien sûr Heavy Metal. Mais face à l’encéphalogramme plat de mon interlocuteur qui ne soupçonnait même pas l’existence de tous ces groupes de chevelus vociférateurs, j’ai cessé le Le Heavy Metal ; Bourhis © Le Lombard, 2016combat. 
Mais ça c’était avant. Car désormais, il me suffira de brandir Le Heavy Metal, vade-mecum qui décrypte cette musique si… différente, depuis ses origines jusqu’à nos jours où le style s’est ramifié en une profusion de chapelles et de sous-genres dans lesquels les amateurs du genre se distinguent de la plèbe asservie au Rock préformaté. Jacques de Pierpont, spécialiste érudit du Métal, s’est allié à l’un des dessinateurs les mieux à même de dépeindre le foisonnement de cette culture riche en poils et en décibels : Hervé Bourhis reprend ici la recette graphique qu’il a mise au point et déclinée dans Le Petit Livre Rock et le Petit Livre Beatles : Un patchwork de dessins sobres et efficaces qui illustrent et garnissent ce cabinet de curiosités métalliques. Un procédé qui permet de se balader au gré des pages, sans lasser le lecteur, malgré la foule d’informations délivrée. Grâce à ce brûlot qui peut subrepticement se glisser partout, sac à dos, bas résilles ou poche de treillis, vous saurez tout… Le signe du Dio-ble (celle-ci mérite que je brûle en enfer pendant plusieurs éternités), l’histoire, les groupes, les albums, les fringues, les anecdotes, les festivals… qui composent le Culte du Métal, de Black Sabbbath au Hellfest, comme l’annonce le sous-titre.
Heavy Metal 2Cela étant dit, il faut bien replacer l’ouvrage dans le contexte de cette nouvelle collection du Lombard, la petite bédéthèque des savoirs, qui vulgarise par le medium de la BD des thématiques très diverses. Donc, les fins connaisseurs de gros Rock qui tâche n’apprendront sans doute pas grand-chose et auront beau jeu de relever certaines omissions sans doute volontaires mais, le sujet étant aussi vaste que pointu, on aurait mauvaise grâce de s’en plaindre. Pour ma part, je pointerais quand même le peu de place accordé à Faith No More, ce qui pour le coup relève du blasphème ultime.

Mais sinon, comment ne pas saluer ce petit opus qui gagne haut la main, auriculaire et index fièrement dressés vers le ciel, le pari de faire le tour de la question et de montrer toute la richesse et l’originalité de ce genre musical qui constitue une véritable culture, avec ses codes, ses rites, ses traits, qu’ils soient de noblesse ou franchement caricaturaux. De quoi réviser ses classiques, briller dans les conversations de salon entre deux pintes et une poignée de chips et bien sûr convertir de nouveaux adeptes, au grand dam de Sainte Christine.

Laisser un commentaire