Le Chabada, 24 mars 2012
Bon, j’avoue, j’ai pas encore vu Shaka Ponk en live mais dans le genre grosse claque sur scène, je crois qu’il va y avoir compète.
La douceur angevine, ça permet de passer des hivers pas trop rudes et des étés supportables mais dans les concerts, ça donne plutôt des auditoires adeptes de l’applaudissement poli. Skip The Use a fait échec à cette réputation en faisant bouger toute une fosse encouragée par les figures de style imposées par le gars Bastard.
Question son, à part, une gratte à mon goût un petit poil trop en retrait (certes, ça reste fidèle à l’excellente production de l’album mais en public, c’est sympa de pousser un peu les potards) c’était nickel.
Les mecs en place, péchus, heureux d’être là, emmenés par leur leader monté sur ressort. (ci-dessous un petit aperçu de début de concert).
Car comme toujours, ça passe par un frontman de haut niveau. Mat Bastard, sur ce plan, c’est le top. Évidemment on pense à Marco Prince de Triple F mais, je crois que là on passe un cran au dessus, comme dit l’intéressé quand il dicte ses quatre volontés à une salle conquise, docile et surexcitée.
En plus, le gars possède cette qualité rare de savoir jouer avec le public, le charrier juste ce qu’il faut pour le faire marrer sans tomber dans la vanne foireuse, le faire participer sans tomber dans un Jacadi convenu et faire monter la température aux bons moments.
Et puis, détail qui tue, un chant en anglais libéré de ce putain d’accent frenchy qui plombe le truc et qui a trop souvent fait passer les meilleures intentions hexagonales pour des groupes de baloche.
Au passage, ça me gonfle de voir pointer ça et là, les comparaisons avec Bloc Party. Parce que le chanteur est black ? OK, la voix, y’a parfois dans certaines intonations un petit air mais sinon difficile d’assimiler la pop post new-wave des Britons avec l’électro power pop des Lillois. Et niveau jeu de scène, carrément rien à voir, en kilomètres parcourus et litres de sueurs versés, les susdits Britons peuvent aller se rhabiller sans prendre une douche à la fin du concert.
Ce genre de prestation et de groupe (Phoenix, Shaka Ponk, Hush Puppies…) laisse à penser que le Rock français rattrape petit à petit son retard sur les anglo-saxons et pas que dans le domaine de l’électro hypnotico-rengaine. Encore un effort pour arriver à se débarrasser de l’étiquette French Touch et parler tout simplement de good stuff, sans plus se soucier du béret et de la marque des lunettes de Johnny.